‘RESTAURATION, s. f. Le mot et la chose sont modernes. Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné. […] en effet aucune civilisation, aucun peuple, dans les temps écoulés, n’a entendu faire des restaurations comme nous les comprenons aujourd’hui. […] Notre temps, et notre temps seulement depuis le commencement des siècles historiques, a pris en face du passé une attitude inusitée. Il a voulu l’analyser, le comparer, le classer et former sa véritable histoire, en suivant pas à pas la marche, les progrès, les transformations de l’humanité. […] Mais nous le savons de reste ; notre temps ne se contente pas de jeter un regard scrutateur derrière lui : ce travail rétrospectif ne fait que développer les problèmes posés dans l’avenir et faciliter leur solution. C’est la synthèse qui suit l’analyse.’
Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc
Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, ‘Restauration’, in Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, Paris, B. Bance, 1866, t.VIII, pp. 14-34.